YVE

Hôpital psychiatrique

A deux pas de la gare, au détour d’une ruelle où piétons et voitures occupent l’espace sans discernement, apparaît l’hôpital. Son volume suit un plan en « H » et s’appréhende par ses angles. L’accès à la cour d’entrée se glisse dans le pli de la plus petite des deux ailes ; il dévoile au dernier moment cet espace, déjà plus intime dans la morphologie urbaine. L’hôpital est rouge et ponctué de fenêtres dorées. De plus près, le rouge est le fait d’un béton teinté dans la masse de différentes couleurs. Sépias, sanguines, orangés et violacés se superposent de manière floue, laissant entre apercevoir de curieuses surfaces où les couleurs se mélangent au passage de l’une à l’autre. Vagues, ébouriffements et taches brouillent l’exécution si soignée de la main du maçon. Il en résulte une sorte de pierre sculptée à angle droit, dont la douceur mate de la laitance alterne avec la brillance des petits bouchons de laiton au droit des écarteurs. La masse est rouge et, simultanément, muette. Elle identifie l’institution, sans autre, dans la ville grise. Seul l’or des cadres des fenêtres et des stores à lamelles se prolonge de l’extérieur jusque dans l’intimité des chambres blanches.